"Ethnoarchéologie de l’usage et de l’exploitation des plantes par les sociétés arctiques et subarctiques", par Sylvie Beyries (CEPAM)

Sylvie Beyries Sylvie Beyries

Sylvie Beyries est directrice de recherche au CNRS au sein de la composante « Préhistoire et Ethnoarchéologie : systèmes techniques, espaces sociaux, transferts ».  Elle est spécialiste des industries lithiques et de l’ethnoarchéologie en milieu périglaciaire.

Sa présentation du 8 novembre 2017 s’intitulait « Ethnoarchéologie de l’usage et de l’exploitation des plantes par les sociétés arctiques et subarctiques ». En voici un résumé :

Au cours de la Préhistoire, entre 18 000 et 10 000 av. J.-C., l’homme moderne, qui évolue depuis longtemps dans un milieu glaciaire va, sur le très long terme, devoir s’adapter à un réchauffement climatique significatif. En Sibérie, on observe actuellement des biotopes comparables à ceux des périodes préhistoriques considérées. Les populations y vivent, comme au Tardiglaciaire (période glaciaire ancienne), de l’exploitation du renne et ont une connaissance et une maîtrise de comportements traditionnels. Le réchauffement climatique est perçu par les autochtones depuis plus de 20 ans et face à ses conséquences les populations concernées montrent de très grandes capacités d’adaptation. Dans le cadre de l’étude des cultures matérielles préhistoriques, la très grande rareté et l’altération des restes végétaux retrouvés entraînent systématiquement une sous-estimation très importante de l’importance des végétaux aussi bien dans les usages quotidiens que dans les pratiques symboliques.

Le projet ETAPAS vise à élaborer et à tester des méthodologies permettant, à partir de restes souvent fugaces, de reconstruire le contexte environnemental. L’objectif ultime, est de comprendre la place des systèmes de gestion des ressources végétales au sein de l’univers matériel et symbolique des sociétés, d’évaluer la visibilité archéologique de chacun d’entre eux et d’amorcer une réflexion sur le rôle de l’environnement végétal dans l’identité culturelle des groupes. Appréhender conjointement la complexité des systèmes techniques des sociétés vivant durant le Tardiglaciaire européen et aujourd’hui en Sibérie permet de confronter des exemples de réponses et d’adaptation des populations à des changements environnementaux forts.

Cette démarche nous permet d’entrevoir différents niveaux d’impacts et les réponses mise en place par des populations qui ont de grandes facultés d’adaptations. Ces changements, qu’ils soient passés ou présents, obligent à de larges mobilités. Ils obligent aussi à explorer et exploiter de nouveaux territoires avec toutes les conséquences sociales et politiques que cela peut entraîner.

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