« Observer des exoplanètes depuis Concordia », par Tristan Guillot (OCA)

Tristan Guillot Tristan Guillot

Tristan Guillot est chercheur à l’Observatoire de la Côte d’Azur (OCA).

Spécialiste de l’astronomie et des exoplanètes, sa présentation du 7 novembre 2017 s’intitulait : « Observer des exoplanètes depuis Concordia ».  En voici un compte-rendu :

Le site de Concordia est un lieu exceptionnel pour l’astronomie, de par sa météo excellente, une turbulence atmosphérique lente et généralement réduite et la faible quantité de vapeur d’eau dans l’atmosphère. La possibilité d’observer quasiment en continu pendant l’hiver austral permet d’envisager des observations difficilement possibles depuis les observatoires classiques, comme le suivi du passage d’une exoplanète devant son étoile lorsque celui-ci dure plusieurs heures ou plus. Le transit d’une Terre devant son étoile durerait 13 heures, ce qui serait impossible à observer dans sa totalité par un télescope seul en dehors des régions polaires ou dans l’espace. En 2017, nous avons mis à profit cet avantage pour observer une étoile brillante très jeune, l’étoile Beta Pictoris qui présente la particularité de posséder un disque de formation planétaire et au moins une planète, Beta Pic b qui passe extrêmement près de son étoile en 2017 pour la première fois depuis 18 ans. Une campagne internationale a été mise en place au sein duquel le télescope ASTEP installé à Concordia a eu un rôle prépondérant. Nous avons pu notamment déterminer 28 nouvelles fréquences de pulsation de l’étoile alors que seulement 3 étaient connues. Ceci va nous permettre de mieux caractériser cette étoile très jeune mais surtout démontre l’avantage d’observer le ciel depuis Concordia.

L’expérience acquise depuis 2008 avec le projet ASTEP (Antarctic Search for Transiting Exoplanets) permet d’envisager de pérenniser l’astronomie sur ce site. Un aspect crucial est que nous pouvons maintenant, grâce à la liaison satellite avec la base, contrôler le télescope depuis la France et rapatrier les données quasiment en direct. En 2018, le satellite de la NASA TESS va être lancé pour détecter les exoplanètes en transit devant les étoiles brillantes du ciel. La plupart des détections devraient avoir lieu près des pôles. Notre télescope est idéalement placé pour jouer un rôle de taille dans la confirmation de ces détections. Nous notons qu’il serait bon de fiabiliser la connexion internet vers Concordia afin d’augmenter la bande passante. A terme, il s’agirait de disposer d’un observatoire Antarctique entièrement pilotable depuis la France pouvant observer les évènements astronomiques visibles pendant l’hiver austral qui présentent un grand intérêt scientifique (suivi de planètes en transit, de comètes, d’astéroïdes, de supernova…etc.).

 

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