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"Suivi des gaz à effet de serre en zone polaire", par Marc Delmotte (CNRS)

Marc Delmotte Marc Delmotte

Marc Delmotte est ingénieur de recherche au CNRS, au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement. Il est spécialiste de l’étude des gaz à effet de serre, en particulier au Groenland.

Sa présentation du 8 novembre 2017 s’intitulait : « Suivi des gaz à effet de serre en zone polaire ». En voici un compte-rendu :

Les zones polaires sont des zones particulièrement sensibles au réchauffement climatique et sont celles qui seront les plus impactées à la fois en terme de hausse des températures mais aussi au niveau du cycle hydrologique (précipitation). Les gaz à effet de serre sont les principaux responsables de l’effet de serre anthropique et du forçage radiatif qui en résulte. Pour suivre l’évolution des concentrations de Gaz à Effet Serre (GES) dans l’atmosphère, les scientifiques ont mis en place des réseaux d’observations, en particulier le réseau ICOS (Integrated Carbon Observation System) à l’échelle européenne. ICOS est une infrastructure de recherche européenne intégrée et structurée qui regroupe à ce jour douze pays européens et dont les réseaux nationaux d’observation (pour l’atmosphère, l’océan ou les écosystèmes) contribuent au réseau ICOS.

Dans ce cadre il y a plusieurs sites d’observations en zone polaire. La France contribue au réseau ICOS atmosphère à travers 4 stations de son Service National d’Observation (SNO-ICOS France) qui compte un total de 16 stations de suivi (dont 9 en France et 7 en outre-mer). Deux des stations du SNO se situent en zone polaire ou subpolaire, celle de l’île Amsterdam qui fait partie des Terres australes et antarctiques française au milieu de l’océan Indien et celle d’Ivittuut au sud-ouest du Groenland (station fermée pour raison logistique depuis fin 2014).

Les résultats des observations conduites à Ivittuut montrent que ce site est représentatif d’une large zone régionale et peu soumis aux contaminations locales. Ils confirment d’une part l’augmentation continue des concentrations de CO2 et de méthane au cours de la période d’étude, conjointement avec la décroissance de la teneur atmosphérique en oxygène et d’autre part le potentiel de l’observatoire comme site de référence pour les mesures de fond de l’hémisphère nord et pour une meilleure compréhension du puits de carbone de l’océan atlantique nord. Les mesures effectuées sur l’île Amsterdam, site unique au sein de l’océan Indien sud et labélisé par le réseau mondial de la météorologie pour le suivi de l’atmosphère mènent aux mêmes conclusions en termes de site de référence (à l’échelle globale cette fois) et de site clé pour la compréhension du puits de carbone de l’océan Austral.

Les zones polaires ne se limitent pas aux deux pôles, mais la Sibérie est également une zone d’étude déterminante pour les GES, notamment pour le suivi du pergélisol (dégazage de méthane) et des potentielles bulles de méthane pouvant être déstabilisées au fond des océans côtiers dans un contexte de réchauffement climatique. Nous avons depuis plusieurs années une collaboration avec des laboratoires russes pour faire des campagnes de mesures aéroportées au- dessus de la Sibérie. Les zones polaires sont des zones clés pour le suivi des GES et une meilleure compréhension du cycle du carbone.

 

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